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Sur le livre "Todai moto kurashi"

Ce livre est le prolongement d’une première exploration visuelle d’un fragment de territoire japonais. Son itinéraire n’a pas été élaboré avec des intentions photographiques précises, ce fut un parcours fluctuant au gré des évènements, des découvertes, des rencontres. Il ne pouvait être question de recherches préalables, ni de repérages, mais le choix s’est imposé de varier les modes d’itinérance, le train, le bus, la bicyclette, la marche pour varier les modes d’approche visuelle du territoire, et la décision d’éviter les lieux fréquentés par les touristes « extérieurs » – extérieurs car les touristes japonais visitent aussi d’autres lieux, peu courus ou moins connus des étrangers.

Plus que de captation il est préférable de parler de prélèvement, de carottage, de stratigraphie, tant le Japon illustre à merveille les deux moments d’espace : l’espace géométrique, horizontal, celui de l’étendue, des urbanistes, des aménageurs, et celui vertical du temps, de la mémoire, de la culture. Peut-être que plonger dans cette sédimentation fluide réactive la notion d’exotisme photographique, qui fut synchrone à celle de la naissance de la pratique dans l’orientalisme, pour retrouver une vision naïve naturelle ?

Ma pratique photographique habituelle relève de chemins détournés : mises en scène, manipulations numériques, délocalisation du regard, embuscades visuelles. Ici il s’est agi d’ouvrir ma démarche sur et à un monde plus directement présent, plus actuel mais insaisissable à ma culture occidentale de l’image. Il fallait donc être disponible au hasard, réceptif, surtout ne pas chercher a priori ce que l’on va trouver, vivre immédiatement la perception physique sensible des espaces, se fier à sa capacité visuelle, tenter un regard neutre, non déterminé, ou plutôt neuf car au fur et à mesure de la découverte une conception du territoire se dégage nécessairement, une pensée se consolide dans le « faire », dans l’action même de créer. L’image photographique permet alors de varier le statut des prélèvements : parfois pur enregistrement (document), parfois interprétation du réel (documentaire), parfois perception esthétique (image sensible relevant de l’Art), parfois historisation (monument).

C’est a posteriori, dans ce passage du photographié au photographique, que j'ai cherché non pas à supprimer mais à organiser l’hétérogénéité des prélèvements, analyser les images, les agencer, les rapprocher, créer des liens, pour qu'apparaissent un récit et une esthétique subjectifs d’un territoire lointain, mais aussi, par comparaison, par résonance, apprendre encore sur son territoire d’origine en perdant un peu la vue : TODAI MOTO KURASHI, il fait sombre au pied du phare.

Format: 16,5 x 24 cm
Couverture souple à rabats, papier mat 300g
80 pages dont 65 photographies couleur impression offset,
papier mat 170g dos cousu
1 carte postale insérée
Prix: 25€ + 4€ de port

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