C’est une variation de sept images autour de la première photographie (ou héliographie) permanente réussie et connue de l’histoire de la photographie, « Le Point de Vue du Gras » de Nicéphore Nièpce (1765-1833), en 1826 ou 1827, depuis une fenêtre de sa maison de Saint-Loup-de-Varennes en Bourgogne.
De par le procédé utilisé cette photographie comporte des aberrations dues au temps de pose de 4 ou 5 jours. Le soleil illumine ainsi tous les bâtiments des deux cotés.
C’est donc le premier photomontage ou truquage « naturel », et, également, le premier photogramme condensant un « film » d’une durée de plusieurs jours.
Dans son traité « De Pictura » Leon Battista Alberti définissait en 1435 le tableau comme « une fenêtre ouverte par laquelle on puisse regarder l’histoire », fenêtre ouverte sur le monde dont l’homme serait le centre.
Ce fut paraît-il le destin de la peinture, jusqu’au cubistes, puis Mondrian. La photographie des origines, à la recherche de reconnaissance artistique, imita donc, dès sa première image, la peinture.
Il n’est pas sûr que la figure de la fenêtre et l'imitation de la peinture suffisent aujourd’hui à la photographie.
De la monotonie de la représentation - Kader Mokaddem, philosophe.
C’est toujours quelque chose du même qui fait ressortir la différence, la souligne. La photographie peut enfin s’autoriser à nous dire autre chose que la singularité du regard du photographe, autre chose que l’unicité des choses représentées, on sort enfin d’un extraordinaire de la photographie.
Enfin, le croit-on vraiment ?
Rien de nouveau effectivement sous le soleil et la lumière qui donne naissance à la photographie - sinon que la photographie n’a plus besoin de lumière pour distinguer ce qui fait la grisaille du monde.
Photographies de paysage qui sont des souvenirs de dimanche gris d’ennui où la seule échappatoire est l’observation infinie du même par la fenêtre. Intérieurs et extérieurs n’ont plus de différence que par le cadre. L’extérieur est cadré par l’intérieur, l’intérieur par l’extérieur, et à l’intérieur de l’extérieur, il y a paysage.
Parce que ce sont des images d’un certain ennui du réel, ce n'est justement pas de manière contemplative qu’il faut les regarder.
- Ah mon dieu que le monde est laid d’être si sereinement regardé par l’œilleton de l’appareil !
Il y a presque un côté pictural détestable, un caractère identique aux papiers peints que l’on contemplait les jours d’enfance dans l’ennui des dimanche. Nos intérieurs sont devenus des écrans qui permettent le grossissement de « l’intérieur de l’extérieur » et nos fenêtres sont comme les loupes de certains logiciels informatiques.
Cliquer sur le regard extérieur pour obtenir le degré de grossissement suffisant pour se perdre dans la simplicité et la banalité du monde devenu paysage ornemental.
- Ah quelle est belle la nature lorsqu’elle est ressaisie, recadrée dans un devenir image !
Les fragments de représentation dans Fait-Divers sont impuissants en tant que représentation à dire, à mettre en présence, à convoquer (pour employer un mot que la critique d’art aime) la nature sous la forme du paysage.
Ce ne sont pas des fragments mais des trouées imperceptibles de la perspective. Rejouant le cadre, les cadres, les encadrements, elles n’ouvrent plus que sur des pans de surface où la nature est naturalisée en ornement du volume architectural, dans le boîtier d’une perception mélancolique et nostalgique (à savoir) de la nature comme enveloppement de l’architecture.
La fenêtre n’est ni une véritable fenêtre, ni une véritable porte-fenêtre, elle ne donne pas sur le paysage d’une extériorité, elle renvoie au cadre lui-même qui la contient plus globalement sur le pan gauche.
Ni non plus un jardin, un intérieur de l’extériorité "culturée" de la nature puisque ne subsiste que la fragmentation atrophiée d’une partie de l’image accrochée sur le pan gauche.
Ce fragment est un élément minimal de signification photographique —un photonème, unité la plus petitement signifiante d’une iconicité en désarticulation dans les variations d’image proposées.
News in brief
On the monotony of representation
Repetition of the same highlights the difference, underlines it. Photography can finally allow itself to say something other than the singularity of the photographer's eye, something other than the uniqueness of the represented things, we finally come out of an extraordinary state of Photography.
Or do we ?
Nothing new today under the sun and the light that gives rise to the photography - except that photography no longer needs light to make out what makes the grey world.
Landscape photographs which are memories of deadly boring grey Sunday where the only escape is the endless observation of the same through the window.
Interiors and exteriors are all the same apart from the frame. Exterior is framed by interior, inside by outside, and inside of outside is landscape. Because these are pictures of a certain boredom with reality, it's precisely not a contemplative manner we adopt to look at them.
- Oh my god how ugly the world is to be so calmly watched through the eyepiece camera!
There is almost a hateful pictorial aspect, akin to the wallpapers we looked at during the ennui of our childhood's Sundays. Our interiors have become screens that allow the magnification of "the inside of the outside" and our windows seam like computer softwares zoom.
Click the outside look until a sufficient degree of magnification has been reached to get lost in the simplicity and triviality of the world, this ornamental landscape.
- Oh how beautiful nature is when reseized, cropped in an after image !
In the "News in brief" series, fragments of representation are powerless, as a representation, to say, to bring together, to summon (the art criticism's pet word) the nature as landscape. These are not fragments but imperceptible gaps of perspective.
Replaying the frame, the frames, the frameworks, they only open on sections of surface where nature is naturalized in architectural volume ornament, in the photographic body of a melancholic and nostalgic perception (is it true) of nature as wrapping architecture.
The window is not a real window nor a real French-door, it doesn't open to the landscape of an externality, it refers to the framework itself that contains it more completely on the left side of the picture. Nor a garden, this interior of the "cultured" outwardness of the nature, since there remains only the atrophied fragmentation of a part of the picture hanging on the left side.
This fragment is a minimal element of photographic meaning - a photoneme, the smallest unit of meaning of a dislocated iconicity in the proposed picture variations.
Kader Mokaddem, philosopher.
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